Le bonheur
Il est là.
Je le vois.
Le type qui était sensé m'attendre là-bas, il est là, juste en face de moi. Il a l'air heureux et serein
C'est fou comme il me ressemble!
Mais que je suis idiot, je suis face à un miroir.
Ca y est.
J'y suis.
Je suis arrivé à ma destination. Je suis assis sur l'esplanade, devant la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, et je pleure ( comme une madeleine évidemment) et je ris aussi.
Plusieurs émotions se percutent au fond de moi, c'est un melting pot qui brasse à vive allure, une vague déferlante, un feu d'artifice bref..
Je suis heureux.
Fier, fatigué, bronzé, satisfait, soulagé mais surtout... heureux.
Le bonheur que j'ai tant cherché, espéré, je le tiens et le serre très fort.
Il commençait déjà à se faire sentir depuis un bon moment, depuis sans doute le départ mais je refusais, à ce moment-là, de le regarder par crainte qu'il ne s'enfuit, comme il l'a fait souvent.
Au fur et à mesure de l'approche du but final, il grossissait, prenait de plus en plus de place à tel point qu'il a bien fallu cohabiter avec lui. Ce qui ne me dérangeait pas, au demeurant.
Et maintenant, je le contemple, je le touche, je le sens, je l'entends et surtout je le goûte. Je le sirote, je le dévore, je le savoure, je le déguste.
Je ne sais pas combien de temps il va rester près de moi. J'ignore si je suis un bon coloc. Il sait que je me contente de peu et qu'il peut garder la plus grande chambre.
Je ne ferai pas de bruit - sauf à cet instant présent où j'ai envie de crier mon bonheur - je resterai discret.
Est-il vraiment éphémère ? Va-t-il se dissiper? Je l’ignore.
J’ai toujours mes pinces à linge mais j’ai bien peur qu’elles soient inefficaces avec le temps. Aussi, j’ai une meilleure idée pour le conserver auprès de moi, jusqu’à…