Jour 6                                              Saint-Côme - Golinhac


 

 

 
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Jeudi 1er Mai 2025

L'étranger

Si on se penche sur l’étymologie, étranger vient du mot étrange, issu du latin extraneus, habemus papam (bientôt !) signifiant du dehors, extérieur. Ce qui est déroutant, c’est le sens donné au mot étrange dans le langage courant, bizarre, incongru. 

Comme si celui ou celle qui vient de notre extérieur était une personne étrange. Sur le chemin, il y a que des étrangers à mes yeux et je peux vous dire qu’ils ne sont pas zarbi. À moins que je sois moi-même un curieux personnage, ce qui est littéralement inconcevable, les photos et vidéos en témoignent. Au risque de paraître rébarbatif, inspirons-nous des vaches qui vaquent à leurs occupations en harmonie, avec leur robe blanche, brune ou noire.

À toi l’étranger, je fus ravi de t’avoir rencontré. 

Goodbye étranger, j’espère que tu trouveras ton paradis.

Goodbye Stranger

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          …♦…

Supertramp

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Le prophète, la Grand-Mère et le serpent

    ∞ Chapitre 6 ∞


La coquille

C’est le symbole par excellence du chemin que j’escompte sillonner. On peut s’interroger sur le choix de cette carapace de mollusque. On arpente toutes sortes de sentiers, dans les bois, dans les prairies verdoyantes, le long des routes de campagne et j’en passe. Mais aucun, sur le parcours ancestral, ne longe un quelconque littoral. On peut croiser des veaux, des vaches, des cochons, des escargots faisant leur beurre, éventuellement apercevoir une carapace de tortue, égarée après s’être fait posé un lapin par le lièvre, mais à priori aucune chance de trouver un coquillage ou un crustacé sur une plage abandonnée.
J’ai donc investiguer, lu moultes ouvrages sur le sujet, pris des cours du soir et de cuisine océane, j’ai engagé un détective privé chargé de suivre discrètement les bulots qui prendraient la poudre d’escampette et les moules renfermées en quête de fraîcheur.
Plusieurs récits légendaires apparaissent au fil des siècles, tous plus plausible les uns que les autres. 
Impossible d’identifier la véracité de chacune; aussi, je m’en vais vous les raconter avec la plus extrême minutie, je m’en voudrais de dénaturer des textes liturgiques sacrés.
Pour la première version, on raconte, qu’en l’an de grâce 1154, un certain Godefroy de Railmimont, perdu en plein pays Cathares, entre Saint-Dizier et Nogent le Rotrou, croisa des randonneurs avec des guenilles quechua. Après avoir appris qu’ils allaient vers Saint-Jacques de Compostelle, il leur demanda s’ils avaient un signe distinctif, un cri de ralliement, un mot de passe que sais-je.
Devant leur mine défaite exprimant leur impuissance à effectivement trouver un symbole commun à tous ces gueux errants, il eu une illumination. Il avisa l’un d’eux: mais, braves gens, vous qui allez à saint-Jacques, portez donc au revers  de votre besace Salomon ( car ce pauvre pouilleux se prénommait ainsi), vous qui êtes juif, ou pas, une coquille Saint-Jacques. Ce fut comme une révélation pour tous ces va-nu-pieds en sandales. Tous s’exprimèrent d’un seul tenant: mais bon sang, mais c’est bien sûr, il suffisait d’y penser. 
La seconde histoire survient quelques siècles plus tard, en mai 1625, le 28 à 11h45 pour être précis.
Bérangère Proustine était cuisinière dans le Béarn, dans un petit village situé entre Strasbourg et Brie Comte Robert. L’aubergiste qui l’employait accueillait régulièrement des pèlerins en route pour où vous savez. Ce jour là, s’arrêta un quidam pas comme les autres. C’était un reporter de Compo magazine, gravé en 4 exemplaires, une référence à l’époque. Cherchant de quoi illustrer son canard, c’est la poule au pot qui mijotait dans la cuisine qui l’attira de prime abord. C’est à ce moment qu’il vit Bérangère œuvrer dans la confection de madeleines. Elle avait elle-même fabriqué les moules, pas celles qui recherchent la fraîcheurs mais ceux qui, au contraire, se complaisent dans la chaleur.
Ce fin limier a tout de suite remarqué le fond du moule, rainuré de la marque des doigts de Bérangère.
Son sang ne fit qu’un tour, non qu’il attrapa Bérangère ou le moule, et encore moins la moule de Bérangère. Il sauta sur son calepin en papier mâché, saisit une plume de la poule qui ébouillantait, la trempa dans le sang du cochon qui avait fait le régal des convives de la veille, et dessina cet instantané révélateur. Le résultat ressemblait à s’y méprendre à une coquille, avec un point central et toutes ces lignes de fuite qui divergent aux quatre coins de la planète. Le numéro suivant fut un succès retentissant à tel point que les pèlerins adoptèrent désormais la coquille en guise de crédo.

La troisième épitaphe me paraît la plus réaliste. Elle nous vient d’un certain Cyril, mi-philosophe mi-abruti de son état. On ignore à quelle époque il vécut. On sait seulement qu’il mourut centenaire.
Il fit un parallèle entre toutes ces lignes, toutes ces ramifications qui se rejoignent en un seul lieu et toutes ces vertus présentes sur les chemins, qui vont au cœur. 
L’être que nous sommes, l’être dans son essence pure, l’être soi, est forgé par ces lignées de tolérance, de courage, de don de soi, de charité, d’amour. Ces vérités présentes au fond de l’âme ressortent, s’ancrent en nous, se déploient et rayonnent au fur à mesure de notre périple pédestre pour se réunifier dans la pureté de notre cœur.
Tout mène au coeur pour celui qui veut s’ouvrir, aux autres et à soi.
Bon certaines mauvaises langues prétendent qu’il abusait un peu sur le génépi, cet alcool fort savoyard cultivé entre Royan et Port de Bouc.

 

Date de dernière mise à jour : 01/05/2025