La grande vadrouille
Pour tous les circonspects, les éberlués, les décontenancés, les indifférents et les extrapolants. Mais aussi les peine-à-jouir, les va-nu-pieds en mocassins à gland, les amoureux d’eux-mêmes, les vieux loustics et leurs descendantes, la fille du polichinelle et le petite-fille du guignol, je me dois de leur expliquer la teneur de mon projet si toutefois cela pouvait provoquer chez eux non pas un électrochoc, je suis lucide, pas davantage un sursaut, je suis conscient du côté miraculeux mais pourquoi un léger soubresaut qui, ajouté à une autre légère secousse, permettrait à tous ces troglodytes de bouger leur arrière-train de leur fauteuil pour aller s’aérer au pays des arbres. Les envieux, les admiratifs, même les jaloux, eux, en ont une idée partielle ou totale.
Comment qualifier précisément mon projet ?
Et bien, c’est un savant dosage concocté parmi les désignations suivantes :
La randonnée: faire près de 1500 bornes à pied, à travers toutes sortes de chemins, c’est clairement ce qu’on peut appeler de la rando.
Le pèlerinage: qu’on soit chrétien, Dieu vous garde, on est dans le pèlerinage indéniablement, qu’on ne le soit pas, on y est aussi. Je suis agnostique et pourtant j’ai la foi en toute sorte de chose. Inutile de ressasser tout ce que j’ai déjà écrit.
Le périple : c’est effectivement un grand voyage aux multiples étapes.
L’épopée : sûr que nombre de péripéties viendront égayer l’odyssée du lisse chemin ou du rocailleux sentier.
La déambulation pédestre n’aurait pas sa place, le but étant précis, mais celle de l’esprit revêt une importance capitale.
La vadrouille, cette petite ballade légère et primesautière surgit, ça et là, quand l’envie d’explorer les chemins perdants et les sentiers battus survient.
Le road-trip comme les bikers sur la route 66, avec leur big moustache et vociférant en sirotant un thé pour deux.
Un autre terme trotte dans la tête mais je vais arrêter de vous balader, les peigne-zizis étant sûrement déjà partis.
Il faut disposer de deux compétences essentielles si on veut mener à bout ce projet. La premère d'entre elles consiste à savoir gérer ses apports calorifiques; Mis à part le soir, il n'y a pas de livraison à domicile sur le chemin, pas de sodexo.
La seconde concerne le fait de nettoyer ses habits, ses sous-vêtements et ses accessoires de toilette le soir venu afin que cela sèche avant de repartir le lendemain. Il n'y a pas d'Ellis hélas, c'est là qu'est l'os.
Pour ménager sa monture, deux éléments sont essentiels et sont un gage de réussite : Non pas mon vélo, mes chaussures mais effectivement mes souliers et mon sac. Si ces deux constituants ne sont pas testés et vérifiés, I risque énormément, I risque sur les deux tableaux et au détriment de me tourner les pouces sur l'esplanade de la cathédrale, je n'aurais plus qu'à me la couler douce aux bains turcs.
et voilà.
et voilà what?