Jour 38                                              Castrojeriz - Villarmentero de Campos

 


 

 

 
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Lundi 2 Juin 2025

La folie

Il est probable qu’elle fût déjà présente dans mes gènes, à l’affût. Je me fais un plaisir de la sortir de temps en temps de sa caverne pour lui faire prendre l’air. Ici, je lui laisse le champ libre afin qu’elle se s’épanouisse. Ce n’est pas une folie qui demande un internement mais au contraire un espace sans mur. Elle est plus proche de la folie communicative liée au plaisir, à la libération des dernières barrières qui vous retiennent dans un carcan.  Et elle a tendance à grossir à mesure que la destination approche. Chaque pas en avant apporte de la matière à la folie bienfaitrice.

One step beyond

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    ∞ Chapitre 38 ∞


Belzebuth

 

Spontanément, je positionnerais le splendide entre le magnifique et le merveilleux. Cela a été corroboré dans la foulée lorsque j’ai prononcé ces mots les uns après les autres en ayant en tête un paysage de montagne par exemple. L’ouverture de mes yeux s’est agrandie crescendo. A magnifique, ils étaient normaux. À splendide, il se sont dilatés un peu plus et la mâchoire est restée en position basse quelques instants. A noter qu’il y a eu un léger temps d’arrêt entre le splen et le dide. Quant à merveilleux, on tombe tout de suite dans l’irrationnel, le corps est secoué de spasme, la bave apparaît au coin des lèvres et d’autres mécanismes, notamment chez les hommes, se mettent immédiatement en fonctionnement pour atteindre leur performance maximale aussi vite que pour bander son arc. 
Splendide n’est pas le mot approprié au regard de l’effroyable nouvelle qui vient de tomber et Dieu sait s’il l’était, splendide. Mr Delaporte se l’ai prise en pleine poire et ne s’en est pas remis. A-t-il succombé à une crise cardiaque après être sorti de ses gonds, je l’ignore. 
Ce n’est pas le texte le plus poilant que j’ai eu à écrire mais parfois il faut faire preuve de décence envers les personnes défuntes. Poilant il l’était aussi, et poilu aussi, surtout sur les cuisses. Car pour ceux qui n’auraient pas encore fait le rapprochement, cette homme n’est autre que Belzebuth. Entraîné dans une salsa démoniaque, il est l’incarnation de l’homme dans ce qu’il peut représenter de pire. Mysogine, cruel, immonde, il dégoûte, il écœure, il repousse. Son attitude est inqualifiable et celui qui s’en rapprocherait serait banni de la société dans la minute. 
Heureusement, notre vie en communauté n’autorise pas que de tels comportements puissent se développer et l’éducation que nous avons reçue nous préserve de cette déchéance de l’humanité, de l’horreur et du malheur. 
Une fois qu’on a dit ça, quid de la vie solitaire? 
Belzebuth est mort! Vive Belzebuth!
Et si c’est pas lui qui avait tout compris, n’en déplaise à la bienpensante aristocratie. 
Pas de frustration chez Belzebuth, pas de comédie. Il est honnête, il dit ce qu’il pense et surtout, surtout, le regard des autres, il s’en tamponne, vous pouvez pas savoir. 
En outre, messieurs les jurés, Belzebuth est très respectueux de l’avenir de la planète. En ne se lavant que deux fois par an, il ne consomme que très peu d’eau. Pareil pour son hydratation, on est plus sur le pastis ou le rouge qui tache. Assumant sa virilité tel le bouc, pas de rotation autour du pot, pas de minauderies nigaudes. Ça se trouve, il a pécho plus de chèvres que le plus prolifique des séducteurs. 
Et franchement, qui n’a pas eu envie, un jour, de mettre une baffe à un morveux qui braille sans arrêt? 
Qui n’a pas été tenté de dévaliser une vieille rombière pincée, pleine aux as?
Bon, ok, je grossis un peu le trait mais sans aller jusque là, il existe une catégorie de gens, dont je fais partie, qui aimerait parfois sortir des conventions. Il faudrait peut-être que je disserte sur le pas de côté un de ces quatre. 
Et Dieu sait, ou devrais-je plutôt dire: et Belzebuth sait que des pas de côté, j’aurai bientôt l’occasion d’en accomplir un paquet. Et là où j’irai, accompagné des vaches et des oiseaux, et peut-être même des chèvres, j’y pense, les conventions, on s’en cogne comme dans l’an quarante. Au risque de vous choquer, sachant que ce ne sera pas le cas car vous faites pareil dès que les autres ont le dos tourné, bande de petits hypocrites, je vais roter en plein air, je vais cracher avec délectation et tant d’autres choses ignobles aux yeux des coincés du cul qui ne sont pas explicitement dites dans la chanson mais qu’on devine aisément. 
Deux mois à vivre sans contraintes ni conventions risquent de me transformer en Jean-foutre et sûrs que mes proches auront du mal à me reconnaître avec mon look hirsute et les mains dans l’calbut. Mais moi, pour paraphraser un autre splendide qui tire sur le merveilleux qui lui aussi a tiré sa révérence, je dirai: quand te reverrai je, pays merveilleux.

 

Date de dernière mise à jour : 02/06/2025