Jour 44                                              Astorga - El Acebo

 


 

 

 
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Dimanche 8 Juin 2025

Le tunnel

Le monde est divisé en deux parties : ceux qui ne me connaissent pas ( environ 8 milliards) et ceux qui me connaissent ( un peu moins). Et dans cette dernière catégorie, il y a ceux qui me connaissent de loin ( un certain nombre) et ceux qui me connaissent mieux ( une poignée). On n’a pas encore trouvé quelqu’un qui me connaît parfaitement mais les fouilles sont toujours en cours. 

Étaler mon profondis morfondibus n’est pas dans mes habitudes. Autrement dit, si je fais mine de me morfondre comme hier, c’est que la réalité est tout autre. La poignée s’en était douté, les autres ont compatis et je m’excuse auprès d’eux si j’ai ruiné leur soirée. 

Il est vrai qu’on aurait pu penser que je fus désarçonné, souffreteux voire désenchanté. J44a
Désenchantée

Il n’en est évidemment rien. J’aperçois la lumière noire du tunnel dans lequel je vais m’engouffrer après cette belle expérience de vie. 

Mais présentement, je vois très clairement que la pluie est partie, ainsi que tous les obstacles sur mon chemin, tous les nuages noirs qui m’aveuglaient. 

La fin du périple sera un magnifique rayon de soleil. 

Je pense que je peux le faire maintenant, les douleurs sont évanouies, toutes les mauvaises pensées ont disparu. 

Voici le bel arc-en-ciel que j’ai sans cesse espéré. J44b
I can see clearly now

J’ai toujours répété qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours, non, il ne faut pas la vendre. Mais là, j’ai vraiment envie de vivre à fond les ultimes kilomètres ( plus ou moins 200 quand même). 

J’ai trouvé un amateur de grizzli sur le chemin et lui ai troqué la peau, tant pis, contre une fiole d’euphorie. 

En plus de me libérer, elle m’allège. 

En outre, j’ai jamais vu un feu d’artifice dans un arc-en-ciel ; c’est le moment. 

Je ne m’arrêterai pas. Rien ne pourra m’en empêcher. J44c

Don’t stop me now

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    ∞ Chapitre 44 ∞


L'esbroufe

 

J'aime bien ce mot. Il sonne années 20, cabaret, plumes, théâtre de boulevard. Je vois aussi dans ce mot un bon gros soufflet au fromage accompagné d'un vin rouge bien charpenté.
Il pourrait me caractériser d'une certaine manière dans ma dimension "spectacle", inattendu, surprenant.
Lorsqu'on consulte la rousse avec son petit robert, on découvre qu'il s'agit d'un étalage de manières prétentieuses et insolentes. Du coup, la porte de la scène se referme aussitôt, la plume s'envole et le soufflet retombe aussi sec
Il m'arrive de chambrer, de taquiner ou de titiller mais loin de moi l'idée d'être insolent.
Quant à la prétention, je m'en méfie comme de la peste. J'essaie autant que faire ce peu de me couvrir d'humilité mais il est très facile de basculer du côté de l'orgueil.
Ce livre en est l'exemple frappant. Il n'a pas pour vocation à me glorifier avec mon travail mais encore une fois, à faire le point sur mes pensées accumulées depuis quelques temps, à les structurer.
Il est indéniable, en revanche, que j'aime sortir des chemins battus, m'aventurer, oser - la routine m'effraie. Je respecte les traditions, les us et coutumes, mais je me complais à les adapter à ma façon. Cela peut se traduire par des couleurs flashies, des fleurs toutes aussi criardes, des mails consensuels qui deviennent cons ou sensuels, voire déjantés.
Je ne suis pas de ceux qui danserait un slow devant l'autel et les gens médusés à mon mariage, quoique, mais je manie l'art du contrepied comme un leitmotiv, ou plus exactement du pas de côté.

Le pas de côté est volontaire, réfléchi. Je ne parle pas de celui que l'on emploie pour éviter la crotte de Médor sur le trottoir, la flaque d'eau ou le con qui arrive en face, regardant son téléphone plutôt que le non moins con qu'il pourrait percuter si ce dernier ne s'était pas écarté. Je parle de celui que l'on fait, sciemment, pour sortir de la droiture, du conservatisme.
Je ne parle pas non plus du pas de l'ivresse du tard dans la nuit ou du petit matin qui est une accumulation de marche de travers mais plutôt de l'ivresse de la joie où on se surprend à faire des sauts de cabris, des pas de danse dans tous les sens.
Je ne parle pas davantage des professionnels du sport, de la danse classique - comme les ballets avec des pas de côté à la pelle - les chorégraphes, les derviches tourneur etc.

Puis, il y a le pas de côté. 
Le pas qui nous sort de notre  vie habituelle, usuelle, tracée, envisagée, planifiée, construite, éclairée, sinueuse ou linéaire, sinueuse et linéaire, entendue, voulue, subie, désirée, entamée, parcourue…
Ce pas est l’inattendu, la surprise, l’improvisation, l’imagination, la nouveauté, le risque, le danger, l’aventure.
Il peut ne pas avoir été planifié et se présenter à nous sous la forme d’une opportunité, d’un hasard, d’une proposition tombée du ciel.
A ce moment-là, il y ceux qui verront une voie s’éclairer et les attirer, puis il y a ceux, qui ne s’y attarderont pas, le laissant passer et restant sur leur propre ligne. 

Il y a ensuite ceux qui ont le pas de côté dans le sang, un fragment d’ADN, une marque d’identité, une nécessité, dont je fais partie.

Le pas de côté que je suis en train d'expérimenter, c'est un pas de côté pour souffler, se ressourcer. Ce pas qui me conduit à moi même. Juste un petit pas pour l'homme que je suis dans l'espace de ma vie, mais un pas de géant pour l'homme que je serai. Il intervient pour se rappeler qui l’on est et pour cesser d’être ce que nous devons être. Ce pas qui nous éloigne un instant de notre vie pour mieux y retourner ensuite. Un moment en dehors du temps, du tracé. Sortir de la piste pour s’aventurer dans la poudreuse, créer de nouvelles traces encore vierges. Ce pas pour s’accorder des moments qui ne font pas partie de notre vie quotidienne et qui ne pourraient pas exister dans celle-ci. C’est comme avoir une deuxième vie, momentanée, courte, avec un début et une fin. Mais chaque pas est une nouvelle petite vie.
Et toutes ces vies sont créées pour répondre à des besoins, s’aligner à des valeurs qui ne sont pas satisfaits dans la vie de tous les jours (pour mille et une raisons). Ces pas peuvent être saisis à l’occasion d’opportunités attirantes, vibrantes ou ils peuvent être programmés. Mais ils parsèment la ligne de vie, ils alimentent la vie. Ils sont une nécessité pour ne pas perdre le nord.

Il doit y avoir plusieurs degrés dans l'esbroufe. Je me faufile dedans mais je m'arrête au premier étage, celui des fanfarons, des troubadours, des poètes. La vue est pas ouf mais acceptable, elle me suffit. Les étages supérieurs sont eux super bien exposés, on aperçoit la mer mais il n'y a personne : ceux qui ont voulu y aller ne passaient pas dans les portes.

 

Date de dernière mise à jour : 08/06/2025