Jour 20                                              Nogaro - Aire sur l'Adour

 


 

 

 
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Jeudi 15 Mai 2025

Flower Power -

D’aucun diront la meilleure époque. Ceux qui sont nés entre 1943 set 1956 savent de quoi je parle. La liberté, la libération, la libertitude et autant de suffixes qu’il y avait d'amour dans l’air. Le flower power s’inscrit dans cette période où il était conseillé de faire l’amour, pas la guerre. Les bisounours n’avaient encore pas vu le jour mais leur credo resplendissait dans chaque pore de ceux qui se revendiquaient hippie. 

Pour les générations suivantes, spécialement celle de mes enfants, mettez le rap de côté quelques instants, vos oreilles ne s’en porteront que mieux, et branchez-vous sur Janis Joplin, the Doors, Jimi Hendrix, Canned Heat et en point d’orgue, plutôt point de synthé, plus conforme à leur musique, les Pink Floyd. On n’a pas fait mieux depuis Wish you were here. 

Si la morosité venait vous envahir, un seul conseil : mettez des fleurs dans vos cheveux. 
San Francisco

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Recommandation

 du jour

Also sprach Zarathustra

          …♦…

Deodato

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Le prophète, la Grand-Mère et le serpent

    ∞ Chapitre 20 ∞


Zarathoustra

 

C’est lui le prophète. Zarathoustra.

C’est lui qui revient régulièrement me rappeler à son bon souvenir. Au début, on l’accueille. On est séduit par sa présence, sa prestance, son aura. 
Puis on l’oublie jusqu’à ce qu’il se manifeste à nouveau. On se dit que c’est aimable de sa part de venir de temps à autre nous faire un petit coucou et on le laisse vaquer à ses occupations. D’autres personnes sans doute apprécient sa compagnie. Et comme la comète, le prophète se répète. Il revient à intervalles réguliers. Et on pourrait en rester là. Cela ne resterait qu’une manifestation s’apparentant à des signaux faibles que l’on décide de traiter ou non.
Des signaux faibles, j’ai dû en laisser passer un paquet. On n’a pas toujours une attention acerbe capable de détecter les ondes les plus minimes.
Pour Zarathoustra, est-ce une révélation, un éclair mais j’ai réalisé qu’il avait quelquechose à me dire. J’ai compris qu’il ne venait pas éveiller mon esprit en dilettante. 
Rembobinons la pellicule. Comme les enfants de ma génération, j’avais un tourne-disque, pas de ceux qui les mangent mais un bel appareil qui tourne sur lequel on vient poser délicatement le 45 tours de Carlos chantant le bougalou du loup-garou trouvé sûrement dans un paquet de bonux. A l’époque, la publicité papier faisait des ravages et la boîte aux lettres était souvent remplie de prospectus en tout genre. Il existait même, je me souviens, parmi ces arbres sacrifiés, des disques en matière recyclée avec quelques secondes de plusieurs morceaux, destinés à vous convaincre de prendre un abonnement et bénéficier d’un catalogue avantageux sous réserve d’acheter 3 disques par mois pendant 30 ans. Beaucoup de foyers n’ont eu d’autres choix que d’hypothéquer la maison pour satisfaire les termes du contrat. 
Sur l’un d’entre eux, entre Scott McKenzie qui incitait aux gens en route vers San Francisco de mettre des fleurs dans leurs cheveux et Adamo qui lui n’a eu droit qu’à une mèche de cheveux (La californie était plus florissante que la Belgique à l’époque), retentit la symphonie de Richard Strauss « Also Spracht Zarathoustra ». Ce morceau, impressionnant de cuivre et de percussions, a tonitrué des dizaines de fois dans ma chambre de pré ado. 
Plus tard, alors que Zarathoustra était remonté sur sa comète aux confins de l’univers depuis un certain temps, je tombe par hasard sur le film de Stanley Kubrik: 2001, odyssée de l’espace. Et qui c’est qui vient, à votre avis, me dire bonjour au début du long métrage? Ce bon Zara, qui avait trouvé un vaisseau spatial taxi pour revenir sur Terre. J’ai revu ce film récemment, mis à part la grandiloquence de cette musique symphonique qui m’a tenu éveillé 10 minutes, je suis tombé ensuite dans une léthargie profonde. 
Que dire d’Elvis. Le King que j’ai écouté dès l’apparition des cassettes magnétiques dans ma vie, juste après le tourne-disques, jusqu’à y’a pas plus tard que tout à l’heure. Dans sa période Vegas des années 70, chaque concert démarrait systématiquement par ce titre avant d’enchaîner sur that’s all right mama ou see see rider. Autant dire que du Zarathoustra, j’en ai bouffé à s’en faire péter l’estomac. 
D’autres circonstances m’ont permises d’écouter ce titre, avec à chaque fois, ce message pratiquement inaudible du prophète. Et comme je le disais précédemment, j’ai, à un moment donné, tendu l’oreille pour savoir ce qu’il avait à me dire, depuis toutes ces années. Je me souviens précisément de l’instant: novembre, ciel gris, bureau, 9h du matin, j’agrémente mes lectures de mails par un peu de musique par l’écoute d’une radio sur internet diffusant des morceaux éclectiques allant de la bossa nova au trip hop. Quand soudain, Zarathoustra me fait signe depuis son retour de son voyage intergalactique. Je me rends compte que je suis un petit joueur avec mes 1500 bornes. Mais ce n’est pas à travers l’œuvre de Strauss, cette version est funky. Je monte le son, j’ouvre mes sens, je mets les messages insipides sur pause, je me retiens de ne pas monter sur la table et je suis interloqué, éberlué par ce son, ce Groove; je tombe littéralement amoureux de cette reprise. Après renseignement, ce remix est le fruit d’un musicien brésilien, composé en 1972, cela ne s’invente pas. Zarathoustra fit preuve d’originalité pour qu’enfin je m’intéresse vraiment à sa parole. Je ne l’aurai sans doute pas compris plus tôt mais mes questionnements divers et variés sur le pourquoi du comment m’amènent à prendre ses propos en considération. 
Et c’est à l’origine de « Also spratch Zarathoustra » qu’il faut aller. Comprendre les racines avant de s’élever. Considérer la terre avant d’explorer les cieux. Le serpent avant l’aigle. 
Mon ami Friedrich. 
Nietzsche.
Qui m’éclaire sur l’ombre. 
Qui relativise la mort comme la vie. 
Qui m’allège des poids que je porte depuis toujours. 
Qui attire mes sens sur l’essentiel. 
J’ai été conquis par les métamorphoses. J’ai la sensation que la clé de l’épanouissement se trouve là. 
L’ouvrage n’est pas aisé à comprendre, il faut produire de gros efforts cérébraux pour en tirer toute l’essence mais je m’accroche. 
Et là où je saisis encore plus le message de Zarathoustra, c’est qu’il est lié à Ouroboros et Madeleine. 
Ces trois personnages, ces trois symboles ont en commun un retour éternel vers l’innocence, la pureté. 
Ils nous invitent à considérer une forme de renaissance vers une ivresse de vie et de bonheur. 
Car c’est bien cela le but ultime.

 

Date de dernière mise à jour : 15/05/2025