Le hasard
Sans aucun doute, un de mes mots préférés.
Parce qu'avec lui, rien n'est prédéfini, tout peut survenir, même l'inattendu, surtout l'inattendu. Vous connaissez mon goût pour la surprise, mon non-goût pour l'attente et mon ragoût pour les patates.
Dame Nature avait dû prendre un RTT quand il était question de me doter d'une dose de patience normale, ce qui fait que je n'ai que le strict minimum en la matière. Donc, attendre dans la salle du docteur, au feu rouge ou au guichet de la poste me demande une somme d'énergie considérable. Alors, si en plus, je dois m'attendre à ce qui va m'arriver dans les prochaines minutes, cela est au-dessus de mes capacités mentales et physiques.
Voilà pourquoi je voue un culte au hasard, qu'il fasse bien les choses ou pas.
Le hasard suscite souvent l'émerveillement, notion qui sera sûrement en tête de gondole dans la table des matières prochainement.
Le hasard nous fait renoncer au choix qui lui même est un renoncement. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas renoncement, mais ce renoncement n'a pas été initié par soi. On se sent moins coupable du coup. N’hésitez pas à revoir ce texte en replay si vous n’avez pas compris cette partie.
Il n'est pas en lien, selon moi, mais je peux me tromper, avec une quelconque divinité. Ce n'est pas Dieu ou un de ses sbires qui décideraient qu'une personne se retrouve à un certain endroit, à un certain moment pour recevoir ou accueillir le fruit du hasard qui changerait complètement sa vie. Ce n'est pas Krishna qui a fait gagner les millionnaires du loto. Pas plus son homologue lourdaise qui aurait projeté une image de sa mère dans une grotte perdue.
Si on se retrouve dans une telle situation, on oublie de dire ou de penser qu'on a, au préalable entrepris une action pour se retrouver là, et que le destin, ou plutôt la vie, les circonstances, l'enchainement des micro battements de papillon, en ont décidé ainsi.
Et parfois, effectivement, il y a des hasards heureux. Comme lorsqu'on oeuvre à un dessein particulier et que les aléas nous détournent de cet objectif pour nous amener sur une voie toute autre, mais pas moins extraordinaire. Ce phénomène porte un nom : la sérendipité. Je vois très clairement que vous demandez des exemples concrets, il se trouve que par hasard, j'en ai à foison.
Si Arthur Stoll n'avait pas oublié de retirer son éprouvette (non pas dans sa femme Germaine) mais sur son bec benzène, il n'aurait pas découvert le LSD et par conséquent, je n'aurais pas pu rédiger ce texte d'une grande profondeur. Bien avant moi, Bernadette n'aurait pas halluciné dans sa caverne et malheureusement, elle n'aurait pas connu Nevers plus tard. Merci Arthur.
Si Christobal Colomb, parti pour les indes, n'avait pas donné une coup de barre ( non pas à sa femme Yolande) mais à Babord alors qu'il venait de terminer sa 5ème bouteille de Jet 27, il n'aurait pas découvert l'Amérique et donc, Donald n'aurait jamais existé. Foutue barre. Pas merci tonton Cristobal.
Si Alphonse Plunkett ne s'était pas brulé la main droite ( au contact de sa femme Jacqueline qui était, selon les dires de l'époque, une vraie chaudasse), il n'aurait pas trempé ses deux mains dans la neige, oubliant qu'il tenait dans la gauche un tube de gaz polypropylène. Ce gaz devenant une poudre cireuse et blanche qui rappela vaguement un soluté identique que Jacqueline extirpait régulièrement avec tact et surtout doigté, il donna naissance au Teflon. Sans Alphonse, les ménagères de 50 ans seraient toujours en train de cuisiner dans leur marmite en fonte, ce qui aurait évité de dépenser le salaire durement gagné de leur mari dans des clubs de fitness, se dispersant ainsi de leurs tâches conjugales. Pas merci Alphonse.
Si Alfred Nobel n'avait eu l'idée d'enfermer de la Nitroglycérine, trop instable, dans du papier roulé, créant un joli bâton (non pas pour ouvrir la caverne de sa femme Thérèse) mais pour dégager la carrière de pierre afin d'en extirper des métaux rares, il n'aurait pas créer la dynamite. Celle-ci n’aurait pas été utilisée à des fins guerrières par des groupuscules anarchistes, terroristes ou état totalitaire, instaurant ainsi un climat de terreur à travers les siècles et un malheur ne venant jamais seul, la percée de Mireille Matthieu et ses colombes pour une éloge à la paix. Pas merci Alfred.
Si Gustave Spencer, n'était pas fétichiste et n'avait pas étalé des carrés de chocolat sur les points sensibles de sa femme Simone, allongée sur une table dans son laboratoire, à proximité d'un magnétron en fonctionnement, ces dits carrés n'auraient pas fondu, laissant un tableau cracra selon les dires de son assistant René occupé à filmer la scène pour Marc D. Ainsi, le micro-onde n'aurait jamais vu le jour et j’aurais été obligé d’attendre dix fois plus longtemps pour faire chauffer mes plats dans le four traditionnel. Merci Gustave.
Si Philibert Furchgott n'était pas distrait au point de mélanger son médicament pour traiter son angine de poitrine avec les pilules que sa femme Roseline gardait pour soigner leur petit lapin contre le blues depuis que lapine a fui dans une caverne, et bien, il n'aurait pas constaté une vaso-dilatation de son pénis, phénomène non constaté depuis des lustres selon Roseline toujours, et signant du coup la mort du lapin par explosion interne.
Le Viagra venait de naitre. Je ne saurais dire s’il faut remercier Phil ou pas. Les lois de l’apesanteur étant universelles et intemporelles, on ne sait jamais ce que l’avenir nous dira.